DE LESTIN
DESCRIPTION
de LESTIN
Troyes
Champagne
France
Personnalités historiques:
- * Jacques de LESTIN, dit Ninet de LESTIN, peintre d'histoire, né à Troyes le 21 septembre 1597; inhumé à Troyes le mercredi 2 novembre 1661. Fils de Jean de LESTIN, hôtelier et d'Isabeau Chenu, il alla à Paris étudier la peinture dans les ateliers de Vouet, qu'il suivit probablement en Italie, et dont il fut l'un des meilleurs élèves : c'est du moins l'opinion de Mariette dans son Abécédaire.
La plupart des églises de Troyes se disputèrent son talent.
Le Chapitre de la Cathédrale le chargea en 1627 de peindre les quatre tableaux des châssis des orgues, moyennant la somme de cent livres.
Selon Grosley, il décora l'église Saint-Etienne de onze grands tableaux (1629-1635), représentant la Vie du saint; de plusieurs tableaux, dont un grand crucifix, un saint Jérôme, une sainte Famille d'après Raphaël, et la Bénédiction de Jacob; l'église des Jacobins, de deux grands tableaux, au-dessus des deux autels de la nef; l'évêché, d'une Annonciation et d'un buste de saint Charles Borromée que l'on voit encore aujourd'hui.
Il réalisa aussi, pour le réfectoire des Jacobins, une grande toile représentant douze religieux devant une table, sur laquelle on ne voit ni pain, ni vin, ni aucun mets; deux anges descendent au milieu d'eux avec deux corbeilles remplies d'un pain miraculeux, qu'ils distribuent aux Jacobins émerveillés et dans une attitude différente. Ce devaient être autant de portraits.
- ** Ninet de LESTIN travailla aussi pour Paris, et peignit, pour les orfèvres de la capitale, le grand tableau que depuis 1630 ils présentaient chaque année à l'église Notre-Dame; il représentait saint Paul prêchant devant l'Aréopage.
Ce tableau a été gravé par Abraham Bosse. En 1645, d'après Courtalon, Ninet de LESTIN peignait un tableau d'autel pour la confrérie de Saint-Luc, établie à Saint-Urbain.
La Bibliothèque des Jacobins de la rue Saint-Honoré, à Paris, possédait aussi de lui un grand tableau emblématique, représentant une Fontaine, au milieu de laquelle s'élevait un trône d'une riche architecture, qu'occupait saint Thomas d'Aquin.
Des ecclésiastiques et des religieux de différents ordres s'empressaient de puiser à cette fontaine dans des tasses de formes variées et de différentes grandeurs. On voyait sur le devant un jésuite, moins occupé à remplir de cette eau une cruche qu'il tenait à la main qu'à observer la contenance de ceux qui environnaient la fontaine.
Grosley possédait de Ninet de LESTIN l'esquisse d'un grand tableau exécuté pour le maître-autel de l'église de l'abbaye de Mores. Elle représentait saint Bernard en oraison devant un crucifix, dont le Christ étend les bras pour l'embrasser, en s'inclinant vers lui. Le fond du tableau offrait une vaste église d'architecture romaine. L'action principale avait pour témoins deux moines dans la stupeur et l'admiration. « Ce tableau, ajoute-t-il, peut figurer parmi les meilleurs morceaux de l'École française. »
Quoique la plupart de ces travaux aient disparu, il nous en reste encore assez pour juger du talent de notre peintre. L'église Saint-Remi de Troyes en particulier possède plusieurs grands tableaux de Ninet de LESTIN, dont deux portent sa signature. Le premier est une Assomption, qui se trouve au transept sud. Le second est une Adoration des Bergers. Les qualités et les défauts du peintre ressortent parfaitement de ces deux compositions d'ailleurs remarquables. Plusieurs autres tableaux non signés peuvent être sortis du pinceau de Ninet de LESTIN, à Saint-Nizier, à Saint-Pantaléon, à la Chapelle-Saint-Luc, etc. Le Musée de Troyes possède aussi une toile qui a été attribuée à Ninet de LESTIN : Le Christ porté au tombeau. L'anatomie du corps humain y est fort bien étudiée. (Voir Albert Babeau. Ninet de LESTIN, peintre troyen).
(Biographie des personnages de Troyes et du département de l'Aube, par Émile Socard, 1882.)
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